Une brise légère faisait bruisser sèchement quelques buissons à proximité. Elle soulevait de délicates volutes de poussière des plaques de sable aux alentours, et agitait une mèche de cheveux noirs sur le front de la femme assise sur une chaise de toile. La chaise était posée, légèrement de guingois, sur la roche nue au bord d’une petite crête surplombant les broussailles et le sable du désert. Au loin, tremblant dans la brume de chaleur, on distinguait une route parfaitement rectiligne. Quelques arbres squelettiques, guère plus hauts qu’un homme juché sur les épaules d’un autre, bordaient cette route poussiéreuse. À des dizaines de kilomètres plus loin, des montagnes déchiquetées vibraient dans la chaleur.

Si l’on s’en tenait à la plupart des critères humains, la femme était grande, mince et bien musclée. Ses cheveux noirs et plats étaient coupés court, et sa peau avait la couleur de l’agate pâle. Il n’y avait aucun autre représentant de son espèce particulière à des milliers d’années-lumière de là où elle était assise. S’il y en avait eu, ils auraient pu dire que ce n’était plus tout à fait une jeune femme, mais qu’elle n’en était qu’aux premiers stades de l’âge de la maturité. Ils l’auraient trouvée plutôt petite et corpulente. Elle était vêtue d’un pantalon assez ample et d’une veste légère de la même teinte que le sable. Elle portait un grand chapeau noir à larges bords qui la protégeait du soleil de cette fin de matinée, un point blanc et cruel dans le vert clair d’un ciel sans nuages. Soulevant une très vieille paire de jumelles, elle examina de ses yeux noirs comme la nuit le point où la route du désert rejoignait l’horizon à l’ouest. Il y avait une table pliante à sa droite, sur laquelle étaient posés un verre et une bouteille d’eau glacée. Un petit sac à dos était rangé sous la table. La femme tendit sa main libre pour prendre le verre et en but une gorgée tout en continuant de scruter l’horizon.

— Ils seront ici à peu près dans une heure, dit la machine qui flottait à sa gauche. (On aurait dit une valise en métal éraflé. Elle bougeait légèrement dans l’air, pivotant et se penchant comme pour regarder la femme assise.) Et de toute façon, ajouta-t-elle, vous ne verrez pas grand-chose avec cette pièce de musée.

La femme reposa son verre sur la table et abaissa ses jumelles.

— Elles appartenaient à mon père, dit-elle.

— Ah, vraiment.

La machine émit un bruit qui aurait pu être un soupir.

Un écran apparut soudain à deux mètres devant la femme, remplissant la moitié de son champ de vision. L’image qu’il affichait était prise depuis une centaine de mètres de haut, et montrait une armée s’avançant sur un autre tronçon de la route du désert, un certain nombre de cavaliers et une majorité de fantassins, tous soulevant des nuages de poussière qui s’éloignaient lentement vers le sud-est. Le soleil se reflétait sur les lames des piques et des lances dressées. Des bannières, oriflammes et drapeaux flottaient au-dessus d’eux. L’armée occupait toute la route sur deux kilomètres derrière les cavaliers en tête. Fermant la marche, on distinguait des charrettes à bagages, des chariots bâchés ou découverts, des catapultes et des trébuchets montés sur des essieux, et tout un assortiment de machines de guerre en bois, le tout tiré par de puissants animaux de trait dont les épaules luisantes de sueur dominaient les hommes marchant à leurs côtés.

La femme fit un peut bruit désapprobateur.

— Rangez ça, dit-elle.

— Bien, madame, dit la machine.

L’écran disparut.

La femme regarda de nouveau à travers ses jumelles, en se servant de ses deux mains celte fois-ci.

— J’aperçois la poussière qu’ils soulèvent, déclara-t-elle. Et encore deux autres éclaireurs, je crois.

— Remarquable, dit le drone.

Elle reposa les jumelles sur la table, rabattit le bord de son chapeau sur ses yeux et se cala dans son siège pliant. Elle croisa les bras et étendit ses jambes bottées devant elle en posant une cheville sur l’autre.

— Je vais faire un petit somme, dit-elle au drone par-dessous son chapeau. Réveillez-moi quand le moment sera venu.

— Mettez-vous bien à l’aise, lui dit le drone.

— Mm-hmm.

Turminder Xuss (drone, classe offensive), regarda quelques minutes la femme qui s’appelait Djan Seriy Anaplian, surveillant le ralentissement de sa respiration et la détente progressive de ses muscles, jusqu’à ce qu’il soit sûr qu’elle dormait vraiment.

— Faites de beaux rêves, princesse, dit-il doucement.

En passant aussitôt en revue ce qu’il avait dit, le drone fut incapable de déterminer si un observateur impartial y aurait décelé ou non une trace de sarcasme.

Il entreprit de vérifier la demi-douzaine de modules de reconnaissance et de missiles-couteaux secondaires qu’il avait déjà déployés, en se servant de leurs capteurs pour observer la lente approche de l’armée encore lointaine, ainsi que les petites patrouilles et éclaireurs isolés envoyés en avant-garde.

Il regarda un moment l’armée avancer. D’une certaine façon, on aurait dit une sorte d’immense organisme rampant lentement à travers l’étendue fauve du désert, une créature segmentée et hésitante – il arrivait qu’un des ses morceaux s’arrête sans raison apparente pendant un long moment avant de repartir, de sorte qu’elle semblait avancer par à-coups plutôt que s’écouler uniformément –, mais manifestement déterminée à atteindre son but. En route pour la guerre, songea le drone avec amertume, pour capturer, brûler, piller, violer et dévaster. Avec quelle application obstinée les humains se consacraient à la destruction…

Environ une demi-heure plus tard, alors qu’on commençait à distinguer vaguement le front de l’armée à deux kilomètres à l’ouest, un éclaireur monté apparut au sommet de la crête, se dirigeant droit vers le drone en sentinelle et la femme endormie. L’homme ne manifestait aucun signe d’avoir percé le champ de camouflage qui entourait le petit campement, mais s’il ne déviait pas de son chemin, il irait directement sur lui.

Le drone fit le même petit bruit désapprobateur que la femme tout à l’heure, et il ordonna à son missile-couteau le plus proche d’effaroucher la monture. Le petit objet, fin comme un stylo et en pratique invisible, fonça vers l’animal et le piqua au flanc, si bien que la monture poussa un cri et se cabra, manquant de précipiter son cavalier à terre tandis qu’elle s’écartait pour dévaler la pente menant à la route.

L’éclaireur jura après l’animal, dont il ramena le large museau vers la crête d’un coup sec sur les rênes, à quelque distance de la femme et du drone. Ils s’éloignèrent au galop, laissant derrière eux un fin nuage de poussière suspendu dans l’air presque immobile.

Djan Seriy Anaplian frémit, puis se redressa un peu pour regarder par-dessous le bord de son chapeau.

— Qu’est-ce que c’était que ça ? demanda-t-elle d’une voix ensommeillée.

— Rien du tout. Rendormez-vous.

— Hmm.

Elle se détendit, et une minute après, on l’entendit ronfler doucement.

Le drone la réveilla quand le front de l’armée fut presque arrivé à leur hauteur. Désignant d’un balancement la colonne d’hommes et de bêtes à un kilomètre de là, il dit à Anaplian, qui en était encore à bâiller et à s’étirer :

— Tous nos garçons sont là.

— Effectivement, dit-elle.

Elle reprit ses jumelles et les braqua sur les premiers rangs, où un groupe de cavaliers chevauchaient des animaux particulièrement imposants et caparaçonnés de couleurs vives. Ces hommes portaient des casques ornés de grands plumets, et leurs armures polies brillaient au soleil.

— Ils sont vraiment tous habillés comme pour la parade, remarqua-t-elle. On dirait qu’ils s’attendent à tomber sur quelqu’un qu’il leur faudra impressionner.

— Dieu ? suggéra le drone.

La femme resta silencieuse un instant.

— Hum… finit-elle par dire. (Elle reposa ses jumelles et se tourna vers le drone.) On y va ?

— Vous n’avez qu’un mot à dire.

Anaplian regarda de nouveau la horde, inspira profondément et dit :

— Très bien. Allons-y.

Le drone se balança très légèrement, comme pour hocher la tête. Une petite trappe s’ouvrit dans son flanc. Un cylindre de quatre centimètres de large et vingt-cinq de long, dont la forme évoquait un couteau conique, en sortit lentement, puis il s’éloigna rapidement au ras du sol en accélérant vers l’arrière de la colonne d’hommes, de bêtes et de machines. Il laissa un moment derrière lui une fine traînée de poussière avant d’ajuster son altitude. Anaplian perdit de vue presque aussitôt sa forme camouflée.

Le champ-aura du drone, invisible jusqu’ici, rosit pendant une seconde ou deux.

— Je crois, dit-il, qu’on va bien s’amuser.

La femme le regarda d’un air dubitatif.

— Il n’y aura pas d’erreurs cette fois-ci, j’espère ?

— Absolument aucune, répondit sèchement le drone. Vous voulez assister au spectacle ? Je veux dire, correctement, pas avec ces vieilles jumelles d’opéra ?

Anaplian fixa la machine un instant en plissant les yeux, puis elle dit lentement :

— Bon, d’accord.

L’écran réapparut aussitôt dans l’air, juste à côté d’eux cette fois-ci, pour qu’Anaplian puisse également voir à l’œil nu l’armée au loin. La vue affichée par l’écran était maintenant prise à quelque distance derrière la queue de l’immense colonne, et d’une altitude plus basse. Des volutes de poussière flottaient à travers l’écran.

— C’est une transmission du missile-éclaireur en serre-file, dit Turminder Xuss. (Un autre écran apparut à côté du premier.) Celui-ci vient du missile-couteau lui-même.

La caméra installée dans le petit missile le montrait filant le long de la colonne de soldats, d’uniformes et d’armes, puis des grands chariots, machines de guerre et engins de siège, avant d’entamer un virage serré une fois l’armée à un kilomètre derrière lui. Le missile descendit à un mètre de la surface de la route, à une vitesse qui n’était plus supersonique mais celle d’un oiseau véloce. Il se rapprochait rapidement de la queue de la colonne.

— Je vais synchroniser l’éclaireur sur le couteau, pour qu’il le suive, dit le drone.

Quelques instants après, la base circulaire aplatie du missile-couteau apparut sous la forme d’un point sur l’écran du missile-éclaireur, puis grossit jusqu’à ce que la petite machine semble être à un mètre seulement de l’autre.

— Et voilà les gauchisseurs qui partent ! s’écria Xuss, l’air très excité. Vous voyez ?

Deux objets en forme de pointe de flèche, un de chaque côté, s’étaient détachés de la coque du missile-couteau. Ils s’en écartèrent et disparurent aussitôt. Les câbles en monofilament qui les reliaient encore au missile-couteau étaient parfaitement invisibles. La vue changea lorsque le missile-éclaireur prit un peu de recul et d’altitude pour montrer pratiquement toute la horde devant lui.

— Je vais dire au couteau de buzzer les fils, dit le drone.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Les faire vibrer, de sorte que quand les monofils traverseront quelque chose, ce sera comme si l’objet avait été tranché par une hache de guerre extraordinairement aiguisée plutôt que par le rasoir le mieux affûté du monde, expliqua le drone.

L’écran correspondant à la caméra du missile-éclaireur montra un arbre à une centaine de mètres derrière le dernier chariot de la colonne. L’arbre trembla, et les trois quarts supérieurs se détachèrent en glissant sur la souche en biais avant de s’abattre dans la poussière.

— Juste une petite torsion au passage, dit le drone qui rosit de nouveau un court instant. (Il avait l’air de s’amuser. Les chariots et les engins de siège remplirent l’écran.) En fait, c’est le début qui est le plus délicat…

Les toiles des chariots bâchés s’élevèrent dans les airs comme des oiseaux qu’on relâche ; les arceaux de bois – découpés – se détachèrent brusquement. Les énormes roues pleines des catapultes, trébuchets et autres engins de siège perdirent leur partie supérieure au tour suivant, et les immenses structures en bois s’immobilisèrent brutalement. Sous le choc, la moitié supérieure d’une partie d’entre elles, également découpée par les monofils, se détacha et tomba en avant. Des cordes grosses comme le bras, qui l’instant d’avant étaient solidement enroulées, se détendirent comme des ressorts et cinglèrent l’air tels des fouets. Le missile-éclaireur se faufila entre les machines abattues et détruites, tandis que les soldats alentour commençaient à réagir. Le missile-couteau poursuivit sa course en avant, droit vers les fantassins. Il plongea dans la masse de lances et de piques, de manches d’oriflammes, bannières et étendards, telle une faux faisant pleuvoir un déluge de bois, de lames et de tissu.

Anaplian eut tout juste le temps d’apercevoir deux hommes tailladés ou éventrés par des pointes de lance.

— Il est inévitable qu’il y ait quelques victimes, marmonna le drone.

— Inévitable, dit la femme.

Le missile-couteau montrait à présent les visages étonnés des soldats qui avaient entendu les cris de leurs camarades, et qui se retournaient pour voir ce qui se passait. Le missile n’était plus qu’à une demi-seconde de la masse des cavaliers, et pratiquement au niveau de leur cou, quand le drone transmit : Vous êtes sûre qu’on ne pourrait pas… ?

Certaine, répondit Anaplian en incluant un soupir dans ce qui était un échange purement non-verbal. Tenez-vous-en au plan.

La minuscule machine remonta d’une cinquantaine de centimètres et fonça au-dessus des cavaliers, fauchant leurs plumets et hachant leurs ornements bigarrés comme une moisson de blé multicolore. Elle bondit au-dessus de la tête de la colonne, laissant dans son sillage la consternation et un nuage de plumes. Puis elle remonta brusquement à la verticale. Le missile-éclaireur qui la suivait montra les gauchisseurs à monofilament qui se rétractaient et regagnaient leur logement dans la coque du missile-couteau, qui ralentit et pivota pour montrer de nouveau l’armée entière.

C’était un spectacle de chaos, d’indignation et de confusion parfaitement satisfaisant, songea Anaplian. Elle sourit. C’était un événement tellement rare que Turminder Xuss en prit un enregistrement.

Les écrans flottant dans l’air disparurent. Le missile-couteau réapparut et rejoignit la trappe ouverte dans le flanc du drone.

Anaplian contempla la plaine jusqu’à la route où l’armée était immobilisée.

— Beaucoup de victimes ? demanda-t-elle en cessant de sourire.

— Une quinzaine de blessés, lui répondit le drone. À peu près la moitié ne survivront pas.

Elle hocha la tête tout en continuant d’observer la colonne de soldats et de machines.

— Ah, ma foi… fit-elle.

— Eh oui, acquiesça Turminder Xuss. (Le missile-éclaireur s’approcha du drone et pénétra dans sa coque par un autre panneau latéral.) N’empêche, ajouta-t-il sur un ton empreint de lassitude, nous aurions dû en faire plus.

— Ah, vraiment.

— Oui. Vous auriez dû me laisser procéder à une décapitation en règle.

— Non, dit Anaplian.

— Uniquement les nobles, insista le drone. Les types juste devant. Ceux qui ont eu l’idée de se lancer dans cette foutue guerre.

— Non, répéta la femme en se levant de son siège. (Elle se retourna pour le plier, et prit la vieille paire de jumelles posée sur la table.) Le module arrive ?

— Il est au-dessus de nous, répondit le drone. (Il alla récupérer la table après avoir remis le verre et la bouteille d’eau dans le sac à dos posé au-dessous.) Rien que ces deux salopards de ducs ? Et le roi ?

Anaplian leva les yeux vers le ciel en tenant son chapeau à deux mains. Elle plissa un instant les paupières jusqu’à ce que sa vision s’adapte.

— Non, dit-elle.

— J’espère qu’il ne s’agit pas là d’une sorte de sensiblerie familiale par personne interposée, dit le drone en feignant un certain dégoût.

— Non, dit la femme qui observait le module flottant dans l’air à quelques mètres de là.

Turminder Xuss s’approcha du module dont la porte arrière était en train de s’ouvrir.

— Et comptez-vous arrêter de me dire « non » tout le temps ?

Anaplian le regarda d’un air inexpressif.

— Bon, n’en parlons plus, dit le drone en soupirant. (Il fit son petit basculement pour lui désigner la porte ouverte du module.) Après vous.

Trames
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